Pierre-André A.

Regards analogiques

 


Écoute Regards analogiques sur Suno.


 

L’escalier avalait le géant
Qui avait, de son corps vieilli
Su charmer les lumières du studio
Par ses poses raffinées et subtiles

Il avait su aussi me séduire
Et j'explorais alors ce mystère
Visitant ces portraits au sépia
A l’atmosphère tendue d’érotisme

Son sourire en coin, mystérieux
Et puis son parfum discret, ténu
Flottaient dans la pièce comme un voile
Rappelant ces heures étranges et complices

Il avait sûrement été beau
Et son corps très souvent désiré
Était maintenant comme sculpté
Des histoires dévoilées sur sa peau

La lumière semblait lui obéir
Et jouait souvent en contrastes
Dessinant des fresques viriles
Par les rides et les cicatrices qu’il avait su gagner

Il avait nargué sans un seul mot
Par sa maturité assurée
Cette vanité des corps jeunes
Qui ignorent les jeux plus sérieux des désirs intimes

Puis par quelques vers libres choisis
Il m’avait averti, comme on joue
De ce drame de l’attachement
Cet anathème des vieux amoureux

Sous les cuirs de ses expériences
Ce vieux sage libertin rêvait
D’amour transcendant l’esthétique
D’un érotisme qui réfléchit aussi l’esprit et la mémoire

J'interrogeais mon corps vieillissant :
Aurais-je comme lui cette force
De nourrir une aura érotique
De l’écume des charmes éphémères ?

Mes rides déjà dans le miroir
Sont-elles la fin de la séduction
Ou un tout autre regard sur moi
Qui m’ouvre peut-être à d’autres sensualités ?

Et cet ultime de ses portraits
Ce regard aussi qui me sonde
Son sourire en coin, mystérieux
Et qui semble questionner la justesse de mon art…

De quoi parlent alors mes images ?
De faims éphémères, d’illusions ?
Ou d’une essence plus profonde
D’un désir adulte qui saura transcender la beauté ?

 


Tags :

#Le Manifeste des fluides #poème