Pierre-André A.

Mourami

Récits très véridiques des tribulations du géant Mourami qui causa stupeur et consternation à son époque

Prologue

Il est des réputations que l'on mérite, d'autres que l'on forge et d'autres encore que les éléments complotent à exagérer.

Au sortir d'une longue méditation, lorsque les arbres, les lacs et les rivières commencèrent à susurrer le déclin de ses qualités de foutreur, Mourami se mit en quête de regagner au moins temporairement ses marques d'antan et pour ce faire, entra dans une telle frénésie sensuelle, que - conspirant un tantinet avec les forces de dame nature, au moins à leur début - les choses sortirent un tantinet de son contrôle. D'une simple frénésie initiale, Mourami - toujours dédié et plein de fougue - provoca bientôt, moitié à son bon vouloir et parce que cela le fit beaucoup rire, un tourbillon de stupre et de débauche en son alentour qui se transforma par les mystères des choses sous emprises, en un ouragan, une tornade qui bientôt ne laissa rien d'indemne autour de Mourami qui n'en demandait peut-être pas tant. Bien que cela ne fut jamais avéré totalement.

Il faut savoir pour ceux qui seraient sorti récemment d'isolement ou aux lecteurs des temps futurs, que Mourami est un géant. Les géants sont rares, au moins à notre époque encore, et peut-être pour cela même très solitaires. On ne sait donc que peu de choses de Mourami (et des géants) et ce qui a pu se documenter et présente vraisemblance est regroupé dans un chapitre à part dans ce document.

Il est bien étrange que des évènements tant fantastiques comme ceux que nous relatons aient pû être effacés tant parfaitement des mémoires et des registres, que c'est seulement grâce aux notes du documentaliste Lucien Fricot du Guêtre, très fanatique du cas Mourami - et son contemporain -, et qui réussi en outre à échapper aux divers autodafés, que c'est faits sont venus à nous. Ils ont été retranscrits avec le plus possible de fidélité corrigeant parfois, surtout par désir de décence, le language trop crû ou trop imagé qui aurait pû gêner la lecture de ce morceau pourtant véridique de nôtre histoire, noyant le lecteur dans des affres charnels et désirs trop impérieux. Par soucis de rectitude académique du moins nous avons pris soins de regrouper en fin d'ouvrage un lexique de la terminologie fantastique usée à l'époque pour les choses du sexe, de la débauche et autres plaisirs charnelles, pour dire les choses proprement, pour lequel, l'avocat-conseil de l'éditeur nous a fortement averti des risques pour les esprits les plus délicats et les moins formés. Ceci expliquant le long chapitre de mise en garde qui le précède.

Nous avons tenté dans les récits très véridiques à continuation, de conserver le style des manuscrits initiaux lorsque cela était possible et il sera peut être nécessaire au lecteur de s'habituer les premiers temps du genre utilisé alors; nous sommes convaincus que cela permet une douce immersion pour comprendre la fascination et la stupeur que causa Mourami sur ses contemporains.

La Rivière

De ce qui précéda l'évènement on sait peu.
Surtout, on sait que Mourami est le seul responsable,
Devant nôtre Seigneur lui même, ou des forces plus obscures probablement.
Aussi par devant toutes les femmes qui perdirent composture,
Et se retrouvèrent ainsi et de manière impies, toutes ensembles, presque malgré elles, les épouses de Mourami. Pour ainsi dire. La catastrophe malgré ses accents calamiteux et sulfureux a donné jours, Le même jour de fait,
A une très nombreuse progéniture, enfançons et fillettes tous et toutes en parfaite santé, de bonne taille, bien formés et joviales,
Que le tout puissant en soit loué.

L'on su peut être bien trop tard que Mourami était sorti d'une très longue retraite, de longues méditations et de mortifications,
Et que brisant son abstinence, lubrique par nature comme tous les géants,
Il était entré dans une telle frénésie masturbatoire,
Et s'accouplant avec ce qu'il croisait, au désir du destin,
Que s'ensuivit un tel flot de semence de géant,
Avec une telle abondance et en telle quantité que même dans les adrêts les plus ensoleillés en ce mois estival, que plus rien ne restait au sec.
Partout où Mourami passait, derrière ses pas formidables,
N'était que surfaces dégoulinantes, arbres, roches, toits,
Tous participait de grosses gouttes suintantes spermatique,
A tel point que l'on observa bientôt les ruisseaux et les rivières grossir.

Ce qui s'était déclenché sembla ne plus avoir d'aboutissement.
Quand les cours d'eau des premiers villages furent bientôt débordant, couleur de lait,
Et de la consistance d'un miel liquide et visqueux,
Et d'une odeur douceâtre et persistante,
Les premières messes furent données où l'on appelait les Saints les plus compétents sur le sujets.
Leur manque de formation en ses matières fut vite patente,
Nous étions entré clairement dans le matière de la principale impasse, Du cursus de ces érudits de la cul-bénisterie.

Quelques barrages amoncelés à la hâte, n'eurent aucunement raison du flux,
Au contraire ils avaient permis que s'accumula le liquide, et bientôt,
Forcés comme des cuisses que l'on écarte,
Cédèrent enfin. Tout était foutu pour ainsi dire.

Quand le flot dévala depuis les montagnes vers la plaine,
Et malgré la vitesse de l'événement et sa soudaineté, la rumeur l'avait depuis longtemps précédé,
Comme le font parfois les choses les plus absurdes.
Folle, elle était sur toutes les lèvres et causait commotion,
Se déformait, rebondissait, s'amplifiait.
On prêta mille maléfices ou mille vertus au sperme de géant ainsi transporté.
Les vieilles légendes et les bobards refirent flots en un clin d'œil,
Les faits et les racontars se mélangèrent abruptement,
Collapsèrent en une réalité magique, indéniable, évidente,
Enflammée par les soudaines crises d'hystérie des autorités tout autant débordées que leurs cours d'eau.
Une réalité parallèle, ou bien celle auquelle on avait crû avant,
A tords,
Se fît évidente,
Remplissait les esprits des plus fragiles,
Agitant leurs corps de spasmes frénétiques et de convulsions,
Tandis que les autres se noyaient dans la colère, l'incrédulité ou le dénit.

On ne sait comment la chose se dit, se colporta, s'organisa et se mis en branle,
Mais en un rien de temps depuis les chaumières les plus humbles,
Aux demeures les plus cossues,
Comme un seul corps, désarticulé en un millier de membres,
Dans un vacarme assourdissant de cloches, des sirènes et de tout ce qui pouvait servir d'alarme,
Ajoutant à la confusion la plus totale,
Se déversa dans les ruelles, les routes et les chemins,
Une étrange et interminable ribambelle, de femelles,
De naissance ou par choix, de tous genres, tous âges et attributs.

Certaines luttèrent comme des furies pour échapper de l'étreinte de ceux qui se croyait leur maître,
Et les voulaient recluses,
D'autres déjà abandonnées à leur sort par des mâles terrorisés par la catastrophe imminente,
Toute cette foule abrutie et dégénérée, bientôt lascive et charnelle,
En un étrange cortège, bientôt une procession bien que désordonnée,
Se dirigeait là où, plus bas dans la vallée, les flots allaient se rencontrer inexorablement.

Et il fut chose étrange de les voir allongées bientôt le long des berges et des rives,
Ou à mi-cuisse dans l'onde campées dans les zones les moins agitées des rivières,
Comme possédées, fascinées, hors d'elles-même,
Les yeux exorbités, comme endiablées,
Les cuisses déjà trempée de leur propre mouille,
Le poitrail impudiquement à l'air pour de nombreuses, les tétons dressés,
De leurs gorges comme malgré elles, laissant déjà sortir des râles et des gémissements comme funestement prophétiques.

Ces groupe de femmes, rejointent bientôt de groupes de jeunes hommes hébétés, ivres et aussi, dit-on, de moult membres du clergé,
Qui debout, qui allongé, qui à genoux, Les cuisses grandes ouvertes, les fesses écartées, ou la bouche béante,
Dans un chaos de membres, bras, torses, jambes emmêlés,
Partout où l'espace donnait champs,
Partout orifices béants, offerts,
Dans un brouhaha de grognements, gémissements, râles,
Tant inquiets, qu'impatients et languissants,
A l'affût pourtant du signe qui annoncerait, là, bientôt, à l'instant,
Le mascaret, la marée, le flot formidable, gigantesque du foutre de Mourami.

Et, enfin, précédé d'un grand silence, ou toute la nature,
Comme à genoux, retenant son souffle,
Se taisait.
Il fut là.
Le gigantesque mur liquide et visqueux, couleur de perle, se déplaçait,
Reflétant en éclairs brillants sur ses crêtes ondulantes et mousseuses le soleil dejà bas dans le ciel,
Ses propres masses d'airs qu'il déplaçait comme un souffle animal et chaud, d'une senteur musquée, suave et sucrée,
Enivrante en même temps que scandaleuse, délicieusement charnelle et débauchée.

La falaise de sperme de Mourami s'abattit finalement,
Comme une gigantesque claque visqueuse, humiliante,
Avec l'apparente lentitud rétrospective des catastrophes inévitables,
Sur l'étrange congrégation de chair extatique offerte.

Ou plutôt, il ne le fit pas immédiatement,
Sauvant tous ces étranges fidèles assemblés d'être écrasés, rossés, déchiquetés, balayés, lessivés et transportés en aval.
Par un hazard de la géologie - certains autres l'attribuent à une volonté plus divine -,
Car après avoir traversé à grands fracas le village aux volets et portes barricadés, défonçant sur son passage les quais du canal,
Et emporté le pont qui enjambe les deux rives, juste entre la mairie et église,
La marée blanche et mousseuse percuta d'abord violemment le fort promontoire rocheux, en forme légèrement phallique, qui resserre la rivière en un goulet en contrebas du village,
Et dans un gigantesque fracas, c'est élevée dans les airs à manière d'un énorme geyser puis d'un nuage laiteux,
Pour retomber en une grosse pluie grasse et continue, plus en contrebas,
Martelant les corps, giflant les visages aux yeux extatiques grand ouverts, giclant en multiple gerbes sur les dos, les fesses, fouettant les mains tendues, les ventres et les cuisses.

Le vacarme du flot spermatique retombant d'abord en un orage féroce, se ralentit peu à peu,
Alors que les corps détrempées des fidèles éclaboussés au plus profond de leurs intimités,
Baignait jusqu'au genoux dans le foutre de Mourami, maintenant consacré.

C'est le vacarme du flot, assourdissant d'abord, qui couvrait le concert de râles jouissifs et qui maintenant prédominaient.
Exhalaisons, gémissements, fusaient maintenant des corps enchevêtrés qui encore debout, à deux genoux où plus souvent baignant totalement dans la semence de Mourami,
En une chorégraphie salace, ou chaque corps cherchait maintenant à agripper qui un membre, qui un bras, un pied une jambe pour pouvoir se frotter à autrui, quelqu'il fusse,
Il était un peu Mourami car il avait participé de la consécration,
Et méritait pour cela tout l'amour, toute la passion, la voracité du corps qui exulte encore.

Le gros du flot blanchâtre se retirait maintenant et le village ébahi, juché sur les bords de ce qui restait des remparts et des berges,
Assistait coi à une grande orgie des maintenant fidèles de Mourami,
Et qui dura dit-on toute la nuit et bien tard dans le matin suivant.
Des enchevêtrement de corps, des râles, de accouplement à deux, à plusieurs, des chaînes savantes d'imbriquement de membres et d'orifices, des combinaisons de postures et de pénétrations même jamais imaginés, de dilatations impossibles comme des extases inimaginées eurent lieu.

Les jours suivants l'événement furent quelque peu confus,
Et tout le monde un peu gêné s'en contenta fort bien.

Les filles et épouses que l'on avait perdues la nuit de l'événement et qui ne s'étaient pas montrées sur les remparts étaient, cette nuit là, près de leur vieille mère ou affairée à regrouper les bêtes affolées par le vacarmes.
Les jeunes patrouillaient, bien sûr pour éviter que quelques pillards ne profitent de la confusion.
Et le clergé, en saintes personnes, s'était abîmé en contemplation demandant la salvation du village et de ses ouailles aux Saints patrons.
Les voyeurs, qui avaient passé la nuit à commenter, d'abord gênés puis enthousiastes et hâbleurs, les prouesses de leur propre compagne, des voisins ou de leur progéniture, n'y était tout simplement pas et s'inventèrent un travail communautaire urgent, puisqu'il fallait bien redresser les pierres du quai, après cette satanée crue.

Sommes toutes, en bas, on avait peut- être vu quelques bêtes qui s'étaient débattues dans le flot, mais il faisait déjà bien sombre.
Seuls les petits enfants persistèrent plus longtemps que leur aînés sur ce qu'ils avaient apparemment vu, peut être aperçus, on était pas sûr et à cet âge vous savez…

Les messes dominicales suivantes furent aussi quelques peu confuses, et du moins le bedeau insistait beaucoup moins sur les termes de culpabilité et l'on ne mentionnait plus du tout les pêchés de la chair qui étaient auparavant fort bien détaillées, comme à manière de catalogue.

En quelques semaines, le village changea beaucoup, et les gens se saluaient de manière beaucoup plus cordiales,
Et il se rumorait que cela tenait à ce qui se passait dans les alcôves à la nuit tombée.
Les époux étaient devenus plus attentifs à leurs compagnes, et les regardaient même avec un petit air de craintes mêlé de respect. Les épouses étaient devenues zélées au foyer et surtout dans la chambre à coucher. Les adolescents quant à eux, avaient grandi tout d'un coup et se comportaient sans niaiseries comme des adultes.

Les plus importants changements survinrent pour le médecin et le pharmacien qui débordés et eurent à traiter de nombreuses commotions des organes génitaux, de vulves et des anus endoloris et à fournir des baumes pour soulager et masquer de nombreux hématomes sur tout le corps comme aussi des traces de morsures. Aussi, quelques semaines plus tard se sont déclarées de nombreuses grossesses et le village grossit de près de 200 âmes - un record - seulement 9 mois après l'événement.

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