Pierre-André A.

Les mots

Je te veux allongée sur le ventre,
La tête dans les bras,
Et jambes tendues…
Dans notre océan de draps.

Que la lueur rasante de la nuit,
Souligne tes courbes,
Tes épaules, tes fesses, tes mollets,
Comme une clameur sur des dunes attentives.

J'aime ce moment où tu es offerte,
Où je parcours à loisir,
Ton doux paysage,
Ses vallées, ses monts, ses reliefs.

Quand de mes lèvres,
Et sur ma langue,
Je lape cette fine couche de miel,
Posée là par le soir.

Mon souffle attise aussi,
Sous ta peau cette braise.
Et la chaleur qui te gagne,
Irradie bientôt de ta chair.

De la pointe des pieds,
Jusque dans ta crinière,
Par moults méandres,
Et du bout de mes doigts,

J'hérisse ton derme,
Attire ton attention,
J'avive à dessein,
Cette brûlure dans tes reins.

Et ma faim pareillement,
Est sitôt aiguisée,
Me possède en entier,
Et me fait carnassier.

Si mes mains se promènent,
C'est maintenant pour pétrir,
Saisir, posséder, toucher,
Commencer enfin mon festin.

Je retiens le loup,
De ne pas déchirer ta chair,
Et mordille seulement, louveteau,
Le dos de tes cuisses, ta croupe et tes reins.

Lèche délicieusement, enfin,
Ta raie si profonde,
Prépare ce qui vient,
Et te laisse languide.

Je m'installe enfin et pèse sur ton corps,
Mon sexe érigé, dur et brûlant,
Se cale parfaitement,
Le long de ton sillon.

Sans même te pénétrer encore,
Par un doux va-et-vient,
Je tutoie de mon membre,
Ton divin orifice, maintenant alerté.

Surtout, mon nez dans tes cheveux,
Je mordille et savoure,
Et ta nuque et ton cou,
Et ton épaule sombre.

Mes lèvres à ton oreille,
Je te prépare lentement,
Je chuchote mes mots,
…je sens que tu t'écartes,

D'abords doux et tendres,
…tu te fais réceptive,
Salaces puis crus,
…tu me montes l'entrée,

Des mots qui t'émeuvent,
…je pèse un peu,
Et te rendent lascive.
…tu résistes d'abord,

Ils forcent ton émoi,
…et tu te rends bientôt,
comme je force ton cul.
…et je m'introduis.

Et comme je suis en toi,
Je me tais un moment,
Pour savourer notre pénétration.
Tu es mienne, je suis toi.

Et de nouveau,
Alors je te parcours,
D'abord très lentement,
Je sens comme tu m'enserres.

Pour toi seule, de folles paroles,
Te disent que tu es belle,
Et comme je savoure
De t'écarter ainsi.

Le fauve reparaît pourtant,
Et entre deux morsures,
Devient plus suggestif,
Outrage ton esprit.

Ses mots sortent seul,
Te choquent et te bousculent,
T'irritent et te flattent,
Tu te rends, ils t'inondent.

Ils décrivent ses sensations :
Comment il fouille tes chairs,
Comment tes gémissements l'excite,
Ce qu'il fera ensuite.

Tu es maintenant sa femelle,
Avide de luxure,
Accompagnant ses gestes,
Le suis dans sa folie.

Ton corps se cabre,
Il se redresse.
Érigée sur tes bras,
Ton corps se tend puis explose.

Il a un dernier râle,
Et j'explose enfin.
Mon corps tremble à l'unisson du tien,
Tu vibres encore, je me retire.

Libérée de mon poids,
Tu roules de côté,
Ta chair perlée de sueur,
Ton cul rougit de nos ébats.

Entre tes fesses,
Que j'écarte à deux mains,
Un fine ligne perle,
S'écoule lentement.

Couvrant nos souffles encore rauques,
Résonnent contre les murs les mots crus, orduriers et blasphèmes,
Je te serre dans mes bras,
Et nous rions, complices.

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