Pierre-André A.

Les Monstres

 


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Vides de tes cheveux, de ton parfum absent
Je cherche dans les draps, complices de nos ébats
L’empreinte de nos folies, les morsures et le sang
Et l'écho de tes râles, de tes exaltations

Voyageant immobile, bien au-delà du Masque
Mon regard intérieur sur ton corps tourmenté
Les brides mordant ta peau dans tes muscles tendus
Tes suppliques soumises et mes faims cannibales

Et je revis aussi nos extrêmes tendresses
Ou blottie contre moi t’innondant de douceur
Je soigne et puis te flatte, te charme et te cajole
Puis c’est l’envie de toi qui vide l'atmosphère

D'où me vient ce désir de ton asservissement ?
Les germes de l'abject y sont-ils présents ?
Me fait-elle prédateur ou un sublime amant
Qui flattant nos Psychés y berce nos besoins ?

Si je veux raviver des bords de ma conscience
Et jouer à nouveau ces moments carnassiers
C'est aussi pour polir une toute autre sagesse
Repaître l’animal pour qu'il s’apaise en nous

Mon Ombre est-elle si noire qu’il me faille l’écailler
Et à coups d’ongles aveugles faire saigner ses blessures ?
Et ces victoires infimes gagnées sur l'Inconscient
Pourront-elle faire briller un homme un peu nouveau ?

Je sais que derrière l'Ombre s’en cache de plus vieilles
Peuplées de ces statues desséchées par les ans
Qui rejouent inlassables d’abominables scènes
D’anciennes tragédies trop saturées de sang

Leurs pulsions inconscientes conduisent l’irrationnel
Cachés de la lumière, transportés dans nos gènes
Reposent d'hideux Monstres d’un sommeil léger
Qui quand trop ignorés réclament leur revanches

Alors nous bonnes gens, cherchant la transcendance
Nous polissons nos mœurs, nos mots, nos sentiments
Et nions en nous même nos parts d'ambivalences
Qui réfugiées dans l'Ombre ne feront que grossir

Si elle s'approche trop, victime sacrificielle
Des Monstres bien nourris, avides de colères
Il suffit que l’un d'eux s’éveille d’un sursaut
Pour que nous nous armions, prenant part au carnage

Le brave homme de la rue, le bon père de famille
Exalté par ces Monstres et guidé par la foule
Sera au premier rang et la machette au poing
Coupera tout-petit les enfants des voisins

 

Alors gardons nous bien de ces horribles Masques
Qui prêchent la mesure, mais fantasment l’abus
Les deux lèvres pincées nous jettent l’anathème
Et qui se rêvent un jour nos juges et tourmenteurs

Cette faim insatiable de ton corps soumis
Me fait elle semblable à ces Monstres horribles ?
Ou nos amours pervers transcende leurs venins
Et décillent nos yeux de leurs aveuglements?

 

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Les-Monstres

 


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#Le Manifeste des fluides #audios #poème