Pierre-André A.

L’ambivalence oxymorique de D.

 


Écoute L'ambivalence oxymorique de D. sur Suno.


 

La voix tristement joyeuse de D.
Soulignait la mâle féminité
De cette massive sylphide
À l'ambiguïté tranchée

Aîné d’une fratrie masculine
Il se rêvat fille unique
Fût renié par son père
Et finit donc orpheline

Sa taille, sa carrure, sa force
Trahissaient la femme fragile
Comme ses traits subtilement grossiers
Qui parfois ravissait d’effroi

D’une nature artificielle et contrariée
Sa sophistication dépouillée
S’imposait librement
À nous qui peuplions sa solitude

Sa discrétion grotesque et gauche
Avait un je-ne-sais-quoi d’attendrissant
De répulsivement attirant
De sensuellement abjecte

Elle souffrait délicieusement de ses contradictions
De son univoque ambiguïté
Mais développa finalement la grâce hideuse
De s'affirmer entière et ambivalente

Elle fascina para cela les femmes qui haïssaient l’aimer
Autant que les hommes qui adorèrent la haïr
Et me charma aussi, brisant les barrières
Provocant ma perverse chasteté

Ému, je pu peu-à-peu subjuguer son indifférence
Par des traits d’esprits muets
Qu'elle mal interprétait très justement
Comme la marque d’un désintérêt obsessif

Ma fougue flegmatique et passionnée
Eut donc raison de son exubérante réserve
De sa confuse assurance
D’être bien elle, libre, dans son corps à lui

Comment aimer un chêne, un roc, un grossier géant ?
En embrassant au plus près ses délicates tensions ?
Et questionner en rêveur rebelle
Les dilemmes de nos stériles préjugés ?

Nos chastes saillies furent la réponse
Et nos ascétiques agapes
Et nos orgies platoniques
Rythmèrent bientôt l’aléatoire de nos divertissants ennuis

Aujourd'hui D., réalisée, jouit d’une paix belliqueuse
Sa masculine féminité
L’enveloppe et la dénude

Magnifique

Une cours idolâtre la traite comme une Reine.

   

Ambivalence-oxymorique

 


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#Le Manifeste des fluides #audios #poème