Pierre-André A.

La Réplicante (Chant I : Liminaire)

 

Le ghetto autonome et ses rues sales
Rivière de poubelles inondant les rues
Les clochards opiacés, zombies modernes
Les trajets nez au trottoir jusqu'au bar

Là, un anonymat familier
Clients réguliers, habitudes
Chacun son uniforme de travailleur
Masse laborieuse bien étiquetée

Puis, avant la sirène, le bar se vide
Élisa se retrouve seule au comptoir
Dessinant du bout du doigt sur le marbre
Dans les coulures sombres de son café

Petit job de nuit, minimum vital
Dépression générale, pessimisme
La ville se referme sur ses êtres
Et les laisse exsangues pour nourrir l'élite

Trouver une sortie, la seule issue...
S'échapper de cette spirale par les bords
Vortex noir de café du bout du doigt
Journal d'avant-hier, version papier

Petites annonces. Encadré. Accroche
« Devenez bêta-testeur : l'avenir »
Quelques lignes plus bas : « innovation »
Puis : « Intelligence Artificielle »

Le regard d’Élisa se brouille, grappille
Bouts de phrases, mots, slogans, marketing
«IA psycho-sentimentale profonde»
«Technologie innovante». «Salaire»

Élisa essuie le bout de son doigt
Scanne le QR-code, candidature
lA sentimentale profonde... Sourire
Le miroir fixe Élisa qui la fixe.

 

 

Suite : Chant II : Ay'na

 


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#Reflet digital #poème